«Parmi toutes les cryptomonnaies qui ont défrayé la chronique, il en est une très particulière, qui pourrait très bientôt révolutionner l’économie mondiale. Rappelons d’abord que les cryptomonnaies sont des monnaies privées, enregistrées sur des fichiers numériques infalsifiables, sécurisés sur une blockchain utilisant des tokens (nommés ainsi, parce qu’ils représentent numériquement un jeton) et émises par des sociétés spécialisées.
Je ne veux pas parler ici des cryptomonnaies spéculatives, qui ont entraîné des faillites retentissantes, et conduit des financiers en prison ; ni de celle émise par le président Trump, qui ne sert qu’à organiser un transfert de monnaie vers sa famille, en échange de services obscurément rendus et de délits d’initiés adroitement masqués en décisions politiques faisant baisser la Bourse, avant d’être annulées juste après en avoir informé quelques initiés ayant souscrit à ce bitcoin présidentiel.
Je veux ici parler d’une cryptomonnaie apparemment totalement inutile, puisque sa valeur n’est pas supposée fluctuer, mais conçue pour conserver une valeur stable, indexée sur une devise fiduciaire, comme le dollar ou l’euro, ou l’or.»
Un texte de Jacques Attali
Noah Smith, un commentateur économique néolibéral influent, proche de Paul Krugman, estime que le discours protectionniste qui sous-tend la politique américaine actuelle ne tient pas la route. Aux dires des conservateurs, la classe moyenne a été victime de la mondialisation et son niveau de vie et son pouvoir d'achat dramatiquement amputés suite aux accord de libre-échange internationaux qui ont ouvert la porte aux biens produits en Asie, notamment. Il semble aller de soi qu'en refermant les portes des États-Unis, la classe moyenne retrouvera de meilleurs emplois et la crise opioïde sera reléguée aux mauvais souvenirs du passé.
À l'aide d'une série de graphiques bien choisis, Noah Smith nous rappelle cependant que, comparée à 36% pour l'Allemagne, 32% pour la France, à 14% aux USA, la part des importations sur le PIB est une des plus faibles parmi les nations riches. Blâmer tous les malheurs sur la Chine ne règlera rien non plus : elle ne compte que pour 3.2% des bien manufacturés consommés en sol américain (le Canada est le 2e producteur à 1.2%). Si on compare le revenu médian, la classe moyenne américaine demeure la plus prospère sur la planète.
«Il a fallu quelques décennies, mais nous constatons aujourd'hui que Bill Clinton avait raison : l'Américain moyen est suffisamment intelligent et compétent pour effectuer un travail lié à l'écononie du savoir. Et cela se reflète dans les salaires et les revenus. Cela ne veut pas dire que l'industrie manufacturière n'est pas importante. Mais le récit principal du protectionnisme est tout simplement beaucoup plus un mythe qu'une réalité. Certes, la concurrence des importations chinoises a quelque peu nui à l'Amérique dans les années 2000. Mais dans l'ensemble, la mondialisation et les déficits commerciaux ne sont pas la principale raison pour laquelle le rôle de l'industrie manufacturière dans l'économie américaine s'est réduit. La mondialisation n'a pas non plus vidé la classe moyenne de sa substance - parce qu'en fait, la classe moyenne n'a pas été vidée de sa substance.
Une fois que nous aurons admis que ce discours protectionniste commun est profondément erroné, nous pourrons commencer à réfléchir plus clairement à la politique commerciale, à la politique industrielle et à bien d'autres choses encore.»
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